L’image manquante (2017)

Que se passe-t-il lorsqu’une image manque ? L’esprit ou disons l’imagination vient combler le vide laissé par cette absence de représentation en créant un pont, un lien qui permet de constituer une vision cohérente et unifiée. Ce que fait Lucien Roux en peinture, avec des images tirées des médias de masse ou du cinéma, c’est non seulement reproduire et interpréter ces images à l’aide d’une technique qui traditionnellement implique le geste – et non uniquement le choix d’un opérateur – mais c’est rendre à ces images leur statut indéfini d’indice à décrypter. Alors qu’elles étaient à bout de souffle, il les remet en circulation avec un supplément d’âme. Ce faisant, il dirige notre attention sur des détails qui autrement nous seraient apparus superflus ou insignifiants : deux mains qui se croisent, celle portant l’alliance dissimulant l’autre. La répétition d’une même scène, mais avec un cadrage légèrement différent. L’artiste crée des séquences sans narration ni temporalité particulière, où seul le temps du regardeur compte. Avec ses petits tableaux blancs et lisses, qui lui servent de table de montage, il livre une analyse à la fois précise et sensible du monde. 

Septembre Tiberghien

The missing picture (2017)

What happens when a picture goes missing? The mind or the imagination fills the void, left behind by the absence of representation, by bridging or connecting the fragments into a coherent and unified vision. What Lucien Roux does in painting, using images from mass media and cinema, goes beyond reproducing and interpreting these pictures via traditional techniques that imply the painterly gesture – and not only an operator's choice –, he gives these images their indefinite status back of clues waiting to be deciphered. At the end of their rope, he brings them back into circulation with that extra touch of soul. In doing so, he directs our attention on to details that would have seemed superfluous or insignificant: two hands crossing each other, the one with the wedding ring hiding the other one. Repetition of the same scene, but with a slightly different framing. The artist creates sequences deprived of narration or specific time frames, where only the viewer's time matters. With his little white and sleek paintings, which serve him as editing tables, he delivers a precise and sensitive analysis of the world.

Septembre Tiberghien

traduction: Thierry Mortier